Entrée Alternative [Shadowland's Door]

La confusion chez Tobias était totale, au début par un manque d'information venant de l'interlocuteur de son sauveur. En effet, sa tête plongée au sol, il ne savait même pas à quoi il ressemblait, à qui il parlait. Cela pouvait aussi bien être un gourou hippie à la Charles Manson, un hipster tête à claques comme il en avait vu des dizaines quand il étudiait encore à Paris ou bien encore quelqu'un habillé comme tout individu sain d'esprit serait habillé. Ce n'est qu'en relevant sa tête sous l'ordre impérieux de l'interlocuteur que Tobias eut les informations qu'il manquait et plus encore, en effet, il se trouvait qu'il y avait trop d'informations, plus qu'il ne s'y attendait. Hadrien parlait à un individu mais cet individu parlait lui-même à d'autres individus. L'interlocuteur direct semblait être directement tiré d'une comédie musicale du type "Roméo et Juliette", cela semblait parfaitement daté. C'est là où il sut qu'il parlait avec un royaliste, il disait au fond de lui *Mais oui c'est lui le chef !*. Comment ne pouvait-il pas l'avoir conçu auparavant ? Dans son esprit, le royalisme était une doctrine politique moyenâgeuse, complètement dépassée et ridicule. Ce Moyen-Âge était à merveille représenté par cet l'interlocuteur d'Hadrien. Le reste des individus quant à eux étaient munis de costume-cravate somme toute assez chic que Tobias enviait. Il réajusta les manches de sa veste en oubliant qu'elle était encore parsemée de poussières et pressa ses lunettes. Il ne voyait pas les visages, pas encore, en fait, toutes les têtes qu'il avait en face de lui étaient troubles, ce n'était pas la faute de ses lunettes ni de ses yeux, mais de sa tête qui tournait sous le stress, sous la fatigue et sous la tension. Il essayait de fixer quelques particularités physiques sur le visage des individus mais chaque détail finissait par s'évanouir dans le brouillard de sa confusion.

Il ne comprit en fait rien des discussions, sa tête ne faisait que trembler, il regardait à droite et à gauche sans vraiment comprendre ce qu'il se passait. Il n'y avait finalement que le recul d'Hadrien qui le fit redescendre un peu sur Terre. Il le voyait à présent intimidé, trop pour que cela ne déclenche pas un grincement de dents à Tobias qui n'aimait pas voir ce sentiment de la part des gens qui l'entouraient. Aucune personne ne devrait, selon lui, être capable d'intimider des gens par une prestance, par une autorité que les autres lui reconnaissent. Il faisait de gros yeux, se tournant à présent vers l'interlocuteur d'Hadrien. Il répéta mollement le verbe de son sauveur, comme s'il était hypnotisé :

"Aller."

Hadrien l'ayant un peu calmé par son geste de recul, Tobias pu percevoir à peu près les traits physiques des individus. Ils étaient tous des hommes d'à peu près la trentaine, il les soupçonnait d'être plus vieux et de mettre des produits pour conserver une certaine jeunesse, au vu de leur costume propre qui témoignait d'une certaine classe sociale. L'interlocuteur paraissait être excentrique pour lui, ce qui renforçait son sentiment d'inquiétude, il se demanda encore pourquoi il était là et si comme Hadrien le disait il était réellement en sécurité avec ces hommes. Mais il ne pouvait s'éloigner d'eux en courant, en hurlant pour demander à le sauver, il ne se sentait pas capable d'une telle chose, tout était encore trop confus, il se sentait bien trop léthargique pour faire ça, il se sentait capable de foncer droit vers ceux qu'il fuirait s'il essayait de le fait. Il regardait Hadrien qui semblait de moins en moins assuré à présent. Il l'écouta quand il dit qu'il allait le suivre, ce qui rassurait un peu Tobias. La compagnie des hommes en costume-cravate et de l'homme habillé comme dans une comédie musicale des années 2000 ne l'enchantait pas et la présence de son sauveur lui rappelait que ces individus ne lui voulaient peut-être pas du mal. Alors Tobias prit place dans ce trajet vers l'inconnu, ses yeux balayant mollement de gauche à droite, à la recherche désespérée de quelque-chose ou de quelqu'un lui permettant de répondre à toutes ses interrogations.

[Tobias suit le Prince docilement.]

De là

Une fois à l'extérieur, Hadrien s'appuya contre la lourde porte en fer et se laissa glisser au sol. Cette soirée allait de mal en pis. Il regarda l'heure sur son téléphone et soupira. Il n'avait vraiment plus le temps d'aller chercher le colis de son sire. Il réfléchirait plus tard à comment il allait lui annoncer la nouvelle. Il se frotta vigoureusement le visage pour se redonner un peu de contenance. Il ne comprenait toujours pas ce qu'il venait de se passer. Les trois hommes avec qui il avait eu un entretien avait eu un comportement incompréhensible pour lui, pourquoi faisait-il autant de reproche à un pauvre gars comme lui, alors qu'ils paraissait si fort tout les trois ?

Le Malkavian finit par se relever. Il en avait marre, il ne voulait plus les revoir, jamais, il voulait enlever son costume et retrouver ses vêtements habituels, il voulait pouvoir être seul et surtout, il voulait récupérer son couteau au plus vite. Il parti d'un pas décidé vers l'entrée officielle du bar et se pointa directement devant le vigile. Il réclama son couteau et sans un mot de plus sortit du bar de fort méchante humeur. Si cela ne tenait qu'à lui, il resterait enfermé dans son appartement durant les 10 prochains jours. Mais malheureusement, c'était impossible et il en était pleinement conscient.

Hadrien prit ensuite la direction de chez lui, content d'en finir enfin avec cette soirée.

Vers là

De là

Le trajet en voiture de la Chanterie vers l'Elysium fut plus que calme. Emily avait échangé les politesses d'usages quand on se rencontrait pour la première fois de la soirée, mais c'en été tenue là. Elle n'avait rien rajouté de plus, ne trouvant pas d'intérêt à discuter dans la voiture.

Kurt quant à lui, c'était très bien tenue. Une goule exemplaire en présence de sa maîtresse. Il avait même pris soin de brancher la radio de la voiture sur une station de musique classique pour que le silence ne soit pas trop pesant. Ils arrivèrent devant l'entrée secondaire au son du ''Galop Infernal'' d'Offenbach.

C'est là qu'Emily ouvrit la bouche pour la première fois dans la voiture pour ce soir.

« Kurt voulez-vous bien faire prévenir de notre arrivée. Miss Forester, sortons prendre un peu l'air en attendant que l'on vienne nous ouvrir. »

Emily attendit que Kurt vienne lui ouvrir la portière et descendit d'un petit bond de la berline à la carrosserie foncée. Elle attendit que l'homme fasse de même pour Mary et attendit que cette dernière arrive à son niveau.

« Gordon vous prépare votre atelier en ce moment même, j'espère que ce dernier vous conviendra. Je sais que mon bureau n'est pas adapté à ce genre de travaux. Le manoir est un peu vieillot. »

La régente jeta un coup d'oeil circulaire pour voir s'il n'y avait pas d’intrus dans la rue. Bien quelle ne risquait rien avec Kurt non loin d'elles, elle préférait se méfier. Elle remarqua une silhouette féminine qui avait l'air de pianoter sur son téléphone. Elle se demanda si cette dernière était la personne qui devait se présenter au Prince cette nuit. Elle fit un petit signe discret pour que Mary remarque aussi cette présence.

« Est-ce nôtre invitée ? »

Lady McGee continua jusqu'à la porte rouge et s'arrêta non loin, se demandant qui allait bien leur ouvrir. Elle tenta un petit sourire en direction de Miss Forester, se demandant si elle avait était correcte avec elle jusqu'à maintenant. Elle tenta même d'ouvrir une conversation avec la Trémère qui l'accompagnait. Peut-être que certains mots choisis pourraient éveiller la curiosité de la femme qui attendait non loin et qu'elle pourrait ainsi dévoiler son identité.

« J'espère qu'Ambrosius sera moins … comment dire ça poliment … lourd que la dernière fois. Il est assez particulier comme homme. Les Artistes sont toujours particuliers. Et vous verriez son infant, c'est sa copie conforme avec moins de retenue. »

On aurait presque pu imaginer un petit sourire malicieux au coin des lèvres de la régente au moment de sa réplique sur le Prince. Mais bien sûr, rien ne transparaissait de ce visage plus qu'enfantin. Ambrosius la taquinait beaucoup, mais elle ne se gênait pas pour le taquiner en retour, en profitant parfois pour lui dire ses quatre vérités.

« Ne vous inquiétez pas, ils savent tous les deux ce que je pense d'eux. Je ne suis pas du genre à mâcher mes mots ou a leur passer de la pommade pour y retirer des avantages. Je préfère être franche, et ne prendre peu de cas de leur statut social. »

Emily venait sûrement de donner, sans la vouloir, la raison pour laquelle elle était cloîtrée dans la chanterie de Glasgow. Son apparence y était pour beaucoup, mais son franc parlé parfois mal placé avait fini de décider ses supérieurs à l'envoyer au placard. La régente ne s'en plaignait pas, bien au contraire, elle aimait sa place et vivait assez mal ses retours obligatoire sur Vienne. Le Prince, quant à lui, acceptait le comportement de la régente sans soucis. Cette dernière avait montré plus d'une fois sa loyauté envers lui.

Elle vit la demoiselle qui pianotait sur son téléphone s'approcher d'elles et se présenter. Mary ne c'était pas trompé, c'était bien une des leur. Et en plus de cela c'était la personne qu'ils attendaient. Tout se passait très bien et il était encore tôt.

« Enchanté Miss Hayes, ravie de vous rencontrer aussi. »

Pour ne pas déroger à la règle, Emily s'adressa à sa nouvelle interlocutrice d'une voix inexpressive au même titre que son visage et toute son attitude en générale. Elle avait semblé se dérider un peu avec Miss Forester, mais à la voir à cet instant, il n'y paraissait plus rien.
Emily inclina légèrement la tête et s'écarta pour laisser la place à Mary :

« Je laisse Miss Forester se présenter. J'espère qu'entre-temps, quelqu'un viendra nous ouvrir. »

Elle jeta un coup d'oeil mi-interrogatif mi-furieux à Kurt qui haussa les épaules comme toute réponse.

La nouvelle se présenta sans faire de ronds de jambe, de façon concise et efficace. Mary aimait cela; elle était persuadée que la Régente aux manières brut de décoffrage éprouvait le même sentiment. Mary exécuta une légère révérence: elle s'inclina plus bas que Lady McGee mais pas au point de Victoria.

"Mary Forester, apprentie du septième cercle et élève particulière de Lady McGee."

La hiérarchie était donnée. Chacune connaissait la place dans la Chantrie. Mary n'avait pas spécialement envie de faire la conversation dehors, elles en auraient l'occasion en meublant le temps que prendrait le trajet jusqu'au manoir.

Emily reprit la parole en montrant exceptionnellement de l'impatience. Elle détestait quitter son confortable bureau; loin de ses livres elle avait sûrement l'impression de perdre son temps. Généralement elle cachait ses expressions derrière une masque de poupée de porcelaine. Mary commençait à s'habituer à son ton sec et à ses traits figés. L'apparence n'est pas l'essence et lady McGee en était l'exemple non-vivant. Derrière la froideur il y avait le cœur d'une femme sensible et l'esprit acéré d'une véritable Trémère. Elle observa donc comment Miss Hayes réagissait face à son déroutant mentor aux traits indéchiffrables. 

"Si personne ne nous ouvre par ici, Kurt pourrait peut-être demander à l'accueil. Il doit bien y avoir quelqu'un à l'intérieur qui puisse nous faire entrer."répondit Mary à la Régente sur un ton légèrement péremptoire. Elle lança un regard à la goule pour qu'il s'active un peu. "J'espère que nous n'allons pas devoir forcer la serrure nous-mêmes.", dit-elle d'un ton mi amusé, mi impatient."Quel dommage qu'aucune d'entre nous ne connaisse la téléportation, cela serait tellement plus simple pour nous rendre à l'Elyseum." En tout cas elle aurait eu plus de temps pour travailler sur le projet que lui avait donné Lady McGee.

7e cercle ! manqua de s'écrier Victoria complètement prise au dépourvue. Même son Sire qui possédait énormément de pouvoir sur la Chantrie d'Edimbourg n'était qu'un Apprenti du 6e cercle et ce depuis près d'un siècle. En plus d'être l'élève d'une Régente, cette Mary en était presque une ! Cette dernière n'avait plus qu'un échelon à gravir. Si Victoria avait su, elle aurait fait preuve de plus de révérence dans son introduction. D'ordinaire plutôt blasée, elle s'empressa pourtant de balbutier quelques mots :

- C'est également un honneur de vous rencontrer Miss Forester.

Victoria conclut rapidement que Kurt était un serviteur. Il ne fallait pas sortir de St Andrews pour arriver à cette conclusion. S'agissait-il du majordome qui lui avait répondu au téléphone la veille ? Elle n'avait pas encore entendu sa voix mais c'était dans le domaine du possible. Elle en aurait le cœur net plus tard. La Nouveau-né ne prit pas la peine de le saluer de vive voix, se contentant d'un signe de tête. Après tout, personne ne lui avait présenté. Dans ces cas là, il valait mieux faire attention avec les possessions des autres. Cela incluait évidemment les goules et autres serviteurs.

Victoria se posta légèrement en retrait des deux femmes qui attendaient visiblement qu'on leur ouvre. Son regard se posa furtivement sur la Régente. En dehors de son physique particulier, elle lui parut étonnement fermée et inexpressive. Du moins c'était ce que son langage corporel laissa penser. Cela ne faisait qu'entretenir le mystère autour d'elle. Victoria aurait sûrement l'occasion d'en apprendre plus dans un endroit plus familier. Il lui tardait de prendre ses quartiers à la Chantrie. Il lui tardait aussi d'expédier cette corvée qu'était sa présentation au Prince...

De là

Ambrosius rêvait d'expédier les présentations assez rapidement pour se consacrer à autre chose. Mais il se doutait qu'il arriverait à s'en sortir avant la fin de la nuit. Se rapprochant de la porte, il entendit des voix féminine filtrer à travers le métal et c'est le visage souriant qu'il ouvrit cette dernière.

La première impression était souvent celle que les gens gardait en mémoire et lui ne loupait jamais son entrée, surtout devant de nouvelle personne. Il jeta un coup d’œil aux trois femmes en face de lui, reconnaissant bien sur Emily et Mary et élargit son sourire devant la troisième Trémère.

« Mesdames ! C'est un honneur de vous recevoir ici par cette nuit hivernale. Entrez donc avant d'attraper froid. »

Il fit un clin d’œil et s'écarta, les invitant à entrer d'un geste gracieux. Il gardait les présentations pour quand ils seraient tous en sécurité et à l'abri des oreilles indiscrètes, s'il y en avait. La prudence n'avait jamais tué personne.

Une fois tout le monde à l'intérieur, il referma la porte et s'adressa aux trois femmes.

« Je remarque que le clan Trémère ne fait que s'agrandir, c'est un honneur pour ma ville que de voir votre Chanterie se doter de membre qui je l'espère son aussi talentueuse qu'elle sont belles. »

Ambrosius leur offrit encore une fois un magnifique sourire charmeur, se passant une main dans ses longs cheveux comme pour les recoiffer.

« Et si nous allions discuter dans un endroit moins austère et beaucoup plus confortable que ce sombre couloir ? »

Ambrosius prit la direction de son bureau, passant rapidement par la salle t'attente qui était pour le moment seulement peuplé de Morgane, qu'il salua d'un rapide et discret signe de tête.

Par là

Lady McGee se doutait bien que si personne n'était encore venue leur ouvrir, ce n'était en aucun cas de la faute du pauvre Kurt, qui semblait bien engoncé dans son costume de chauffeur. Mais la dernière remarque de Mary fit imaginer à la régente un petit scénario de vengeance.

« Nous pourrions toujours passer par l'entrée principale, mais cela ferait un vrai petit scandale. Voir une enfant de mon âge traîner dans un bar à cette heure avancé de la nuit. Mais ça serait une douce vengeance pour nous avoir fait poireauter ici. »

Si Emily avait pu mettre le ton qui convenait à sa phrase, cela aurait pu passer pour une plaisanterie, mais son intonation plate et sa diction monocorde ne rendait pas sa réplique très affriolante.

Elles n'avait plus qu'à patienter autant qu'elles le pouvaient, en espérant que la pluie ne vienne pas perturber leur attente, et les pousser à se réfugier dans la voiture.

Une clé tinta à l'intérieur et bientôt le visage du Prince fit son apparition dans l'entrebâillement. Il les invita, de son plus beau sourire, à entrer d'un ton mielleux comme il en avait lui seul le secret. Elle détestait Ambrosius autant qu'elle l'aimait, et elle donnerait sa non-vie pour lui sans hésiter une seule seconde, mais le comportement du Prince avait l'art de l'horripiler au plus haut point.

« Ce n'est pas trop tôt ! Et cessez de raconter vos bêtises Ambrosius. »

La régente pénétra dans l'Elysium et attendit d'être rejoint par ses deux compagnes. D'un ton toujours égale, elle s'adressa au souverain sans plus de manières.

« Il serrait peut-être temps d'engager quelqu'un pour gérer cette porte. Surtout, quand vous savez que vous devez recevoir du monde. C'est un conseil Majesté, mais sachez que d'autre que moi pourrait mal le prendre. »

Elle connaissait Ambrosius depuis assez longtemps pour ne pas prendre de gant avec lui. Et lui la connaissait assez pour décoder son inexpressivité et son ton froid pour ne pas se vexer. Emily s'écarta un peu, laissant la place au Prince pour qu'il les guide à l'intérieur pour la suite de la rencontre.

Vers là

De là

Hadrien s'échappa plus qu'il ne sortit du hall d'entrée et se rendit assez rapidement à l'entrée secondaire. Il observa les alentours, remarquant une berline garé dans un coin et un homme qui fumait appuyé contre cette dernière. Il trouva ça bizarre, mais n'y prêtant pas plus d'attention. Il finit, au bout d'un moment, par s'asseoir sur la marche qui formait le perron de l'entrée secondaire. Après tout, il ne savait pas quand on allait lui ouvrir.

Au bout d'un moment qu'il n'arrivait pas vraiment à évaluer, la porte s'ouvrit et ce n'est rien d'autre que le Prince qui apparut de l'autre côté. Hadrien se redressa d'un bond, ne sachant pas trop comment le saluer étant donné les remarques de la veille sur le respect de la Mascarade. Ambrosius le fit entrer et lui expliqua rapidement qu'il devait accompagner Tobias ,qu'il avait amené la veille ici, ainsi que Guillaume de Margaux, qui avait été sont patron durant seulement quelques heures, sur les lieux où il avait ramassé le jeune vampire.

Le Malkavian accepta évidemment, on ne refusait pas une demande de son Prionce. Même si cette dernière tombait de manière impromptue. Il salua le Prince comme il se devait et ressortit du bâtiment.

Bon ... il ne lui restait plus qu'à attendre les autres et surtout à aller récupérer son couteau auprès de Winchester. Ce dernier allait vraiment le prendre pour un lunatique à changer d'avis aussi rapidement. Mais il était hors de question pour lui de se rendre dans un endroit sûrement mal famé sans son arme.

Il fit un rapide aller-retour à l'entrée principale et s'appuya contre un mur, attendant le véhicule de Guillaume, sa capuche vissée sur la tête et les mains dans les poches.

Ce qui amenait Tobias à l'entrée secondaire de ce bar le surprenait encore. Alors qu'il était prêt et paré, le Prince était revenu le voir. Il lui avait dit que maintenant, il devait partir à la recherche d'Aïcha. Tout juste jeté dans le monde vampirique, le voilà devenu enquêteur. Bien sûr, le néonate était moins confus que la veille, sa douche l'avait aussi bien aidé, mais il s'attendait à avoir un début moins rude. Cette précipitation lui permit de saisir tout l'intérêt du Sire, toute l'importance du rôle. Ainsi, le Prince lui avait montré le chemin pour rejoindre ceux qui l'aideront. Son ancien guide Hadrien allait être là, et un autre homme, plus mûr, pour diriger les deux garçons. Il ne put qu'approuver l'idée intérieurement.

C'est ainsi qu'il était là, à marcher dans le bâtiment, à regarder les portes, à se demander leurs significations, ce qui pouvait bien se cacher là-derrière. Il voulait regarder par le trou de la serrure comment vivait un vampire, quel serait son mode de vie après qu'il se soit plus habitué à celui-ci, quand il sera moins humain, quand il fera pleinement partie "d'eux". A cette expression, ses sourcils se haussèrent. "Eux", ceux qui n'étaient pas humains, ceux qui étaient autre. Non, Tobias, tu n'étais pas en train de devenir autre chose qu'humain... c'était impossible enfin, tu avais toujours tes deux yeux, pas un troisième et encore moins un quatrième, pas de griffes, pas de crocs enfin. Mais quel humain serait capable de se nourrir qu'avec des poches de sang pendant une semaine entière ? Il ne fallait plus penser à ça, il allait parler avec des individus comme le ferait n'importe quel humain, il le fera sans faire de hurlement étrange. C'est ainsi que, quand il croisait quelqu'un, il lui fit un grand sourire, quoi de plus humain qu'un sourire ? Mais il arrêta rapidement, parce qu'il s'aperçut que quelqu'un qui souriait autant à tout le monde était vraiment trop effrayant.

Il arriva rapidement à l'entrée secondaire du bâtiment, là où Hadrien l'amena. D'ailleurs, en poussant la porte pour sortir et rester sur le trottoir, il l'aperçut. Ainsi, il s'approcha de son guide et s'assit près de lui. Il le salua d'un :

"Salutations."

Qu'il accompagna d'un petit sourire.

-> De là

Guillaume aurait aimé cheminer en silence mais le conducteur ne lui laissa malheureusement pas ce loisir. Il semblait inhabituellement circonspect et l'examina dans son rétroviseur. Le Ventrue lui répondit par un sourire poli afin de détendre l’atmosphère.

- Il fait moche ce soir, dit le mortel pour commencer la conversation.

- En effet, répondit Guillaume dans un anglais qui n'avait pas l'accent local.


- Vous n'êtes pas d'ici, vous, constata le conducteur avec un air un peu méfiant.

- En effet, répondit encore une fois Guillaume d'un air détaché. Le taxi se demanda s'il se foutait de lui ou s'il était comme ça de naissance. Il décida de se taire et alluma la radio d'information; le journaliste parlait du meurtre de la jeune étudiante et le chauffeur regarda une nouvelle fois son passager dans le rétroviseur.

La voiture longea une superbe voiture puis s'arrêta devant les marches.

- Laissez tourner je vous prie, votre course n'est pas finie.

Le chauffeur lorgna son compteur puis acquiesça. Pourquoi pas, ce type avait un costume coûteux. L'arrière du bar ne lui disait rien qui vaille: c'était un bon endroit pour chercher de la drogue. Il espéra ne pas être pris dans une histoire louche par la suite.

Guillaume ouvrit la portière et s'extirpa de la voiture. Il avait le visage grave mais son regard devint réprobateur lorsqu'il reconnut monsieur Chevalier. Il comprit pourquoi Ambrosius ne lui avait pas donné l'identité des vampires sensés l’accompagner. Il aurait su qu'il serait en présence de ce Malkavian particulièrement instable, il aurait peut-être réfléchi à deux fois avant d'accepter. Mais il était trop tard pour reculer. Il passa outre ses sentiments et salua ses compagnons de nuit en utilisant la langue française; Hadrien était de la même nationalité que lui, il pouvait parfaitement comprendre. Et si les choses dérapaient le chauffeur de taxi ne comprendrait rien.

- Messieurs bien le bonsoir. Si vous voulez bien me suivre votre carrosse est avancé, ajouta t-il d'un ton mi-ironique, mi-plaisantin en une parfaite imitation de sa goule, sans toutefois s'incliner. Je vous en prie, prenez place.

{italique en français}

-> Par ici

Hadrien rêvait d'avoir une cigarette entre les doigts. Il n'aimait pas attendre sans rien faire, l'immobilité lui laissait le loisir de pouvoir réfléchir et réfléchir était, pour lui, souvent synonyme de se remémorer le passé. Et cela n'avait rien de bon surtout à l'aube d'une mission. Alors que, s'il avait pu s’adonner à ce petit vice qu'il gardait de sa vie d'humain, peut être aurait-il été moins sur le qui-vive.

Le stress de la veille n'était pas redescendu et la soufflante que lui avait infligé son sire n'était toujours pas passé.

Hadrien sursauta et se tourna vivement vers la personne qui venait de s'installer à côté de lui. Il mit quelques instants à passer par-dessus sa stupeur, mais reconnu assez rapidement Tobias. Il le regarda timidement sous sa capuche, baissa rapidement la tête. Contrairement à la veille, il avait retrouvé sa tenue habituelle, mais son apparent caractère affirmé du soir dernier avait sûrement dû rester quelque part entre son pantalon et sa veste de costume.

Il s'adressa à son compagnon de la veille d'une voix peu assurée :

« Bonsoir »

Mais avant qu'ils n'aient pu échanger un peu plus, une voiture se gara et l'homme qui l'avait congédier de son travail la veille en sortie, s'adressant à eux en français. Le poids de son incompétence l'écrasa un peu plus en reconnaissant Guillaume et il se leva.

« On y va Tobias ? Je m'excuse je ne suis pas de bonne compagnie ce soir. »

Le Malkavian, quant à lui, parlait toujours exclusivement en anglais. Son Sire le renierait purement et simplement si ce dernier se mettait à parler en français alors qu'il le lui avait strictement interdit. Hadrien souffrait de devoir s'exprimer uniquement dans la langue de Shakespeare, mais il n'aimait pas discuter les ordres de Slaine, et vu le peu d'estime que ce dernier avait pour lui, il préférait respecter une de leur règle établit depuis leur arrivée en Grande Bretagne.

Sans se retourner, il s'avança vers la voiture, ajustant sa capuche sur sa tête. En passant à côté de Guillaume, il lui adressa un poli « Bonsoir Monsieur » et alla s'installer à l'arrière du taxi.

Par là

Le manque d'assurance d'Hadrien troubla Tobias. Aujourd'hui semblait être une soirée assez spéciale, où l'homme qui l'avait sauvé, qui avait su dépasser l'adversité n'était même plus sûr de lui quant au déroulement de celle-ci. Sa mine légèrement joyeuse vira rapidement à la fébrilité face à cette réponse. Il ne put répondre, demander ce qu'il se passait pour qu'Hadrien fasse cette tête, car une voiture arriva, un taxi s'était garé. Il vit un homme dans un costume onéreux, lui rappelant alors les costumes que pouvaient arborer les hommes dans les rallies auxquels il participait, quand il était encore en France. Il l'avait déjà croisé quand il était avec le Prince, mais ne le reconnaissait pas, en effet, la confusion du trop plein de gens et des récents événements n'avaient pu lui permettre que de se remémorer le visage d'Hadrien et d'Ambrosius. L'homme s'était exprimé en français, il fronça les sourcils, se demandant s'il ne l'avait pas déjà vu avant, mais rien, aucun souvenir. Mais un sourire gagna rapidement son visage, voyant qu'il était entouré de compatriotes. Il lui répondit en français :

"Bonsoir monsieur."

Il tourna la tête vers Hadrien qui venait de confirmer ses impressions. Son sourire disparut de nouveau pour laisser place à une inquiétude : cette soirée allait-elle être vraiment tendue ? Quelque-chose semblait travailler Hadrien. Il hocha la tête et répondit, sans grand entrain, dans la langue des Beatles :

"Ce n'est pas grave. Je crois que le temps n'est pas à la rigolade non plus. Eh bien, allons-y."

Puis il s'engouffra dans la voiture, à la suite du jeune homme encapuchonné. Finalement, il n'avait pas beaucoup de raison de répondre à Hadrien en anglais, mais il le faisait, il se disait que s'il étudiait l'anglais, s'il cherchait à se perfectionner, autant qu'on lui parle constamment dans cette langue. Il s'installa lui aussi à l'arrière à côté d'Hadrien. Il salua le taxi d'un :

"Bonsoir."

Bien appliqué, tentant d'imiter local sans grand succès. Il y avait toujours dans sa voix une pointe d'accent français, et, quand il arrivait à quitter son accent, c'était pour acquérir la prononciation à l'allemande, qui ressemblait en fait à l'accent français, sans le côté sexy et "so charming".

De là

Emily avança rapidement dans les méandres de l'Elysium, jusqu'à arriver devant la lourde porte rouge. Elle poussa cette dernière pour ouvrir l'entrée qui donnait sur la ruelle qui jouxtait le bar. Garé dans un coin, Kurt fumait une cigarette à l'abri du perron d'un immeuble voisin, surveillant la berline de la régente.

La pluie c'était calmait, mais toute la ville dégoulinait d'humidité. Lady McGee s'avança dans la rue et se racla la gorge pour signifier sa présence à sa goule.

« Miss Forester, ne perdons plus de temps. Rentrons chez nous. »

La goule leva rapidement le regard vers son domitor et écrasa immédiatement sa cigarette sur le béton mouillé en la voyant. Il déverrouilla la voiture et de se précipita pour ouvrir la portière aux deux femmes. Il sentait la fumée de cigarette et semblait légèrement humide.

« Mesdames ... ravie de vous revoir ! Je vous ramène au manoir ? »

« Cesse tes questions idiotes ! Évidemment que tu nous ramènes au manoir. Il ne fait pas assez beau ce soir pour que nous allions flâner en ville. »

« Bien Madame. »

Kurt ne dit pas un mot de plus. Il devinait Emily passablement énervée et il n'avait pas envie d'être victime de son courroux. Même si elle avait l'apparence d'une fillette, elle n'en demeurait pas moins des plus impressionnantes quand elle se fâchait.
Il salua Mary d'un signe de tête et referma la porte quand les deux femmes furent à l'intérieur du véhicule. Il prit ensuite le volant et démarra en direction de la Chanterie.

« Miss Forester, avez-vous encore besoin de moi pour la soirée ? J'ai quelques recherches à terminer. Mais si vous avez une urgence à me communiquer, surtout n'hésitez pas. »

Vers là